Image de wallyg via Flickr
Entretien réalisé le 05 novembre 2009 avec Etienne Andreoni, co-fondateur de SearchFood.com.
Jemelance.net, Digital Brand: Etienne Andreoni bonjour. Vous êtes l'un des deux fondateurs de SearchFood.com, moteur de recherche spécialisé sur tout ce qui concerne l'alimentation, restaurants ou magasins. Pourquoi un moteur de recherche vertical spécialisé sur ce type de produits et services, comment l'idée a-t-elle germé ?
Etienne Andreoni: Tout simplement d'un besoin. Mon associé et moi même avons constaté qu'il était très difficile, voire impossible de trouver les acteurs de la restauration, l'information étant existante mais très dispersée. Après avoir cherché dans les différents annuaires, vous ne savez toujours pas si le restaurant est ouvert, ce qu'il propose comme plats ou produits, s'il livre chez vous ou si l'on peut manger sur place, etc. Nous avons donc eu l'idée de créer un portail unique regroupant toutes les informations relatives aux restaurants, évitant ainsi de passer des heures à rechercher l'information sur internet, qui, bien souvent, n'est pas disponible ou incomplète. En plus de centraliser l'information, le portail SearchFood.com permet, lorsque l'on a trouvé l'établissement correspondant à nos attentes, de commander directement en livraison ou à emporter, ou encore de réserver une table et ce, en quelques clics. Avec les technologies de l’information dont nous disposons à l’heure actuelle, il nous semblait fondamental de disposer d’un tel service sur le web, complet, simple d’utilisation et surtout actualisé, d’où la création du portail SearchFood.com, répondant aux attentes d’une population adepte de l’internet.
JML.net: Existe-t-il des sites comparables à SearchFood.com dans d'autres pays, cela vous a-t-il inspiré ?
EA: En effet, des sites comparables existent dans d'autres pays comme la Hollande ou l'Angleterre mais aussi en Turquie, pays d'origine de mon associé Can OMUR. L'existence de ces portails nous a bien sûr renforcés dans l'idée que ce type de service avait une forte valeur ajoutée et devait exister, d'autant plus dans un pays comme la France, où l'art de la table est culturel.
JML.net: SearchFood propose notamment des informations très complètes sur les restaurants, ainsi que la possibilité de commander ou de réserver en ligne. Pouvez-vous me dire quel est votre avantage concurrentiel par rapport à des city guides ou des annuaires de type Pages Jaunes ?
EA: Le premier problème des annuaires type Pages Jaunes ou autres est qu'ils n'indiquent que les coordonnées des établissements, avec de temps à autre un bref descriptif. De plus, ces données sont parfois erronées car elles ne sont que très rarement mises à jour. Pour ce qui est des city guides comme l'Internaute ou CityVox, ils proposent une liste d'établissements avec l'avantage de pouvoir chercher par type de cuisine ou par prix, et de consulter les avis. Le problème est que les informations sont souvent faussées et pas forcément objectives. Il m'est arrivé à plusieurs reprises d'aller déjeuner dans un de ces établissement que j'avais choisi en fonction du prix indiqué et des avis. La surprise est parfois de taille : prix double de celui annoncé, les avis étaient en fait ceux du propriétaire qui avais vendu sa boutique, manquant forcément d’impartialité,...
Notre portail regroupe les fonctionnalités présentes sur différents sites : géo-localisation, coordonnées, avis des personnes qui ont commandé ou réservé dans les différents établissements référencés, cartes et menus mis à jour (prix, produits, promotions), commande et réservation en ligne, et enfin échange de bonnes adresses ou produits entre les membres de la communauté.
Notre portail regroupe les fonctionnalités présentes sur différents sites : géo-localisation, coordonnées, avis des personnes qui ont commandé ou réservé dans les différents établissements référencés, cartes et menus mis à jour (prix, produits, promotions), commande et réservation en ligne, et enfin échange de bonnes adresses ou produits entre les membres de la communauté.
JML.net: Votre modèle est-il facile à dupliquer, y compris dans d'autres domaines ?
EA: Effectivement, notre modèle pourrait être applicable dans d’autres domaines. La technologie de retranscription par synthèse vocale des commandes peut être applicable à tous les secteurs d'activité. Nous n’envisageons pas pour l’instant de nous diversifier, mais cela reste l’un de nos projets à plus long terme, lorsque le système aura été éprouvé dans le domaine de la restauration.
JML.net: Votre modèle économique est fondé sur un pourcentage prélevé sur le montant des commandes. Comment gérez-vous le fait que le montant de l'achat final, particulièrement dans un restaurant, peut être différent du montant de la commande ?
EA: Cela reste basé sur la bonne foi des restaurateurs, bien évidemment. Le problème ne se pose pas pour la réservation de table, ni pour la livraison, mais uniquement pour la commande à emporter. Nous sommes actuellement en train de d'intégrer la modification des commandes dans la prochaine version de SearchFood qui sera mise en ligne d'ici à la fin du mois.
JML.net: Quelles sont vos prévisions de chiffre d'affaires sur les 3 premières années ?
EA: Nous pensons être implantés, d'ici 3ans, dans les 20 principales villes françaises. Comme vous l'avez indiqué, notre rémunération est basée sur les commandes et réservations passées depuis le portail. Nous misons donc sur un phénomène de masse et donc un grand nombre de commandes pour enrichir le portail SearchFood.com de nouveaux restaurants et de nouvelles fonctionnalités. Nous estimons donc être déficitaires l'année prochaine, et ne devenir rentables qu'en 2011. Nous estimons notre chiffre d'affaire d'ici 3 ans à 900 K€.
JML.net: Comment votre service a-t-il été accueilli par les restaurateurs et magasins d'alimentation ? Quels avantages voient-ils par rapport aux supports classiques de leur publicité ? Ce type d'annonceur est-il plutôt conservateur ou ouvert à de nouvelles formes de promotion ?
EA: Notre service est dans l'ensemble assez bien accepté par les restaurateurs pour 2 raisons : la première est que cela ne leur coute rien si cela ne leur rapporte rien. C'est un moyen de communication basé sur la réussite, ce qui n'est pas le cas des moyens de communication traditionnels. L'autre raison est que ce type de rémunération est très usité dans le domaine de la restauration: un serveur qui va servir 10 tables ne va rien gagner alors que s'il sert 100 tables, il sera payé en conséquence.
Bien sur, à terme, il est possible d'imaginer de nouvelles formes de promotion que notre modèle permettra, comme une remise sur le montant de la commande pour les utilisateurs de SearchFood.com, ou bien plus encore...
Bien sur, à terme, il est possible d'imaginer de nouvelles formes de promotion que notre modèle permettra, comme une remise sur le montant de la commande pour les utilisateurs de SearchFood.com, ou bien plus encore...
JML.net: Selon vous, quels sont les facteurs clés de succès de SearchFood.com ? Pensez-vous que la proximité avec des annonceurs locaux soit importante pour vous démarquer ?
EA: La réussite de SearchFood.com est basée sur la confiance. Si un certain nombre de restaurateurs nous font confiance pour leur apporter des nouveaux clients, les internautes auront la possibilité de choisir parmi ces restaurateurs. Ayant acquis la confiance des utilisateurs, de plus en plus d'établissements souhaiteront s'inscrire et proposer leur services. Ainsi, les utilisateurs auront d'autant plus le choix, et ainsi de suite. Pour arriver à cela, il nous faudra sans cesse communiquer sur notre portail afin de créer l'effet boule de neige. Bien sûr, nous ne souhaitons pas être simplement un portail permettant aux restaurateurs de mettre en ligne leur carte et d'augmenter leur volume d'affaires. Nous souhaitons aider ces restaurateurs en leur apportant notre conseil, et ainsi entretenir une relation privilégiée avec eux dans le but d'avancer ensemble.
JML.net: Combien d'annonceurs pensez-vous recruter les premières années ? Cela est-il coûteux en termes de prospection commerciale ?
EA: Nous pensons proposer 300 d'établissements dans 10 villes d'ici à la fin 2010. Comme je l'indiquais juste avant, nous souhaitons entretenir un suivi régulier et personnalisé avec chacun des restaurateurs qui le souhaitent, ce qui implique du temps et de l'énergie. Nous ne nous contentons pas de recruter un maximum de restaurants que nous abandonnons ensuite. Nous rencontrons chacun des restaurateurs, pour les aider dans la mise en place de notre offre afin de leur faciliter les choses et leur proposer un service clé en main. Nous avons donc besoin d'un puissante force commerciale afin d'assurer le démarchage des nouveaux restaurants, mais aussi le suivi de nos clients actuels.
JML.net: Le développement de SearchFood.com dépend de la notoriété du service à la fois auprès des annonceurs, restaurateurs et magasins, et auprès du grand public. Etant donné votre statut de startup disposant de moyens financiers limités, pensez-vous vous spécialiser d'abord sur une ou plusieurs régions avant de vous déployer sur le plan national ?
EA: Nous avons effectué une phase de test de notre portail sur Sophia Antipolis, en partenariat avec deux restaurateurs ("Mic Mac Pâtisserie" jeune artisan qui propose des macarons succulents et "Le Coin Gourmand", un restaurant proposant un service de traiteur de qualité destiné aux repas d'entreprises). Ceci, dans le but de valider techniquement notre solution et de recueillir les premières impressions des utilisateurs, aussi bien restaurateurs qu'internautes. Nous sommes très satisfaits car nous avons recueilli de très bonnes impressions, et le système est techniquement viable. Nous sommes actuellement en train de lancer la solution sur la ville de Nice, puis Cannes. Nous ne souhaitons pas démarcher la France entière dès le début, bien sûr par manque de budget, mais aussi par souci d'établir une relation de confiance en démarchant individuellement chacun de nos futurs clients.
JML.net: Parlez-moi un peu de votre société. Vous êtes co-fondateur de SearchFood.com, comment les choses se sont-elles passées entre vous, l'idée de départ est-elle le fruit d'un travail commun ?
JML.net: Parlez-moi un peu de votre société. Vous êtes co-fondateur de SearchFood.com, comment les choses se sont-elles passées entre vous, l'idée de départ est-elle le fruit d'un travail commun ?
EA: Mon associé et moi-même, nous nous sommes rencontrés durant nos études d'informatique à l'Université Joseph Fourrier de Grenoble. Nous avons tout d’abord créé une petite société afin de générer quelques revenus durant nos études, mais également pour nous enrichir d'une première expérience concrète d'entrepreneuriat. Nous nous sommes ensuite spécialisés chacun dans un domaine : Can dans la technique sur Nice et moi dans le commerce sur Toulouse. Nous avions déjà l’idée de monter notre propre entreprise et nous préférions disposer de compétences complémentaires pour mener à bien nos projets. A la fin de nos études, nous avons souhaité donner vie à l’un de nos projets en particulier : le portail SearchFood.com.
JML.net: Comment vous répartissez-vous les tâches avec votre associé ?
EA: Nous sommes complémentaires de par notre formation, mais également par nos motivations. Can est en charge de l'aspect technique du projet, et je m'occupe de l'aspect commercial. Bien évidemment, nos doubles compétences en informatique et management nous rendent polyvalents. Nous pouvons donc travailler conjointement sur le même sujet quand il y a des périodes de pics, tant au niveau du développement technique, que pour l’aspect commercialisation.
JML.net: A votre avis, quels sont les avantages et les inconvénients d'un démarrage en solo ou à plusieurs ?
EA: Pour moi, le fait de démarrer à plusieurs est une force. Nous pouvons ainsi partager nos réflexions sur un sujet et ne garder que le meilleur. Bien sûr, cela amène parfois à des désaccords, mais notre but commun prend le pas sur la volonté d'imposer sa propre pensée. Une personne seule perd peut être moins de temps en discussions mais n'a que sa vision des choses, ce qui peut induire des erreurs de jugement.
JML.net: Vous avez financé votre projet avec des fonds propres. Avez-vous l'intention de solliciter des business angels, et à quelle étape d'avancement de votre projet ?
EA: Nous sommes actuellement en relation avec des Business Angels dans le but de lever des fonds pour renforcer notre force commerciale et communiquer sur le lancement de notre portail dans les différentes villes démarchées. Cela nous permettra d'atteindre un nombre de commandes suffisant afin de dégager une capacité d'autofinancement nous permettant de faire évoluer le portail.
JML.net: Vous avez vous même développé le site SearchFood.com, Cela vous a-t-il permis de réduire les coûts et d'aller plus vite vers la solution que vous recherchiez ?
EA: En effet nous avons développé le portail à deux pendant un an. Cela nous a permis de faire des économies, mais aussi de développer une solution innovante, correspondant exactement à nos attentes. L'architecture que nous avons mise en place est faite pour pouvoir facilement intégrer les futures évolutions que nous avons imaginées.
JML.net: Pour conclure cet entretien,, avez-vous prévu des incentives ou un programme de fidélité pour les clients utilisateurs de searchfood.com ? Les annonceurs sont-ils prêts à jouer le jeu en magasin ou dans les restaurants ?
EA: La solution SearchFood.com permet aujourd’hui aux restaurateurs de mettre en place un programme de fidélité récompensant l’internaute qui commande de façon régulière chez un restaurateur en particulier. Nous avons également pour projet la mise en place d’un système de parrainage entre les différents acteurs du portail (internautes et restaurateurs), donnant droit à certains avantages. L’important pour nous est d’avoir des relations « gagnant-gagnant » avec l’ensemble des utilisateurs du portail. Il y a toujours au sein d’une population des personnes prêtes à jouer le jeu et d’autres plus réticentes, mais nous gardons confiance, certains que tous les utilisateurs joueront le jeu dès lors qu’ils auront mesuré les avantages qu’ils peuvent en retirer.
JML.net: Etienne Andreoni, merci.